Un nouveau suivi sur la réserve
- Publié le :
- 11 avril 2022
- Catégorie :
- Actus de la réserve
Les amphibiens comptent chez les vertébrés le plus grand nombre d’espèces en danger à l’échelle mondiale où plus d’un tiers d’entre eux sont menacés de disparition à plus ou moins court terme. Avec près de 140 espèces connues sur le territoire guyanais, leur diversité est exceptionnelle tant dans leur mode de vie, leur morphologie ou leur habitat.
Malheureusement, même si la Guyane a su préserver une grande partie de ses milieux naturels, des déclins sont déjà constatés sur le territoire. Par les activités humaines sur les zones littorales (savanes, marais côtiers) ou par des phénomènes plus complexes encore aujourd’hui non élucidés (changements climatiques, maladies émergentes,…).
Pour visualiser et mesurer ces phénomènes, différents suivis d’espèces ou de populations sont mis en place, notamment dans les espaces naturels protégés, à travers le territoire. Jusqu’à présent, ils concernent principalement les Dendrobates à tapirer (Dendrobates tinctorius) et quelques espèces dites communes (bufonidés, aromobatidés…).
Les milieux aquatiques sont essentiels à la survie de nombreuses formes de vie dont bien évidemment de nombreux amphibiens. Leur présence sur un site et la composition de leur peuplement sont très probablement des marqueurs essentiels de la qualité de ces milieux originaux mais facilement menacés par les activités humaines comme par les perturbations climatiques que nous connaissons aujourd’hui. C’est pour ces raisons et dans le cadre des actions prévues par le nouveau plan de gestion de la réserve, que l’équipe Trésor a décidé de tester un nouveau protocole pour étudier le cortège d’espèces d’amphibiens fréquentant les criques de la montagne de Kaw.
La montagne de Kaw est parsemée d’un réseau hydrique dense et complexe alimenté par les abondantes pluies annuelles. Sur la réserve, deux bassins versants indépendants drainent les principaux cours d’eau du secteur, la crique Roche et la crique Favard.
La nouvelle étude s’est concentrée sur la crique Roche où 1,1km de crique a été précisément matérialisé à l’aide d’un topofil. Les soirées des 25 et 26 mars derniers ont été consacrées aux prospections nocturnes le long de ce transect naturel par 3 agents de la réserve qui ont relevé de la manière la plus exhaustive et précise possible tous les contacts avec une espèce d’amphibien. Les premiers résultats de cette phase test s’avèrent encourageant avec un grand nombre d’individus contactés sur chaque soirée de prospection ce qui pourrait permettre une analyse assez fine des peuplements. Les centrolenidés (les fameuses grenouilles de verre) et quelques hylidés inféodés à ces milieux ont été fréquemment rencontrés, aussi bien par la vue que part les détections sonores des mâles chanteurs.
Cette première expertise prometteuse doit maintenant être affinée, et les résultats doivent être analysés plus en profondeur pour s’assurer de la pertinence et de la robustesse de ce suivi dans le temps. En attendant, il aura permis au gestionnaire d’observer des espèces peu connues ainsi que leur comportement dans leur milieu naturel.