Etude des opossums et des petits rongeurs
Contexte Guyanais
L’étude des opossums et des petits rongeurs de Guyane reste très partielle. Les principales connaissances acquises à ce jour sont d’ordre taxinomique, très peu d’études écologiques notamment sur l’importance de ces communautés au sein du système forestier tropical humide ayant été menées. A l’instar des chauves-souris, elles jouent un rôle majeur notamment dans la dispersion des graines et son corollaire la régénération forestière. S’il est évident qu’elles occupent une place prépondérante dans la chaîne alimentaire, celui d’indicateur de l’état de conservation du couvert forestier est bien moins connu alors qu’il s’exerce sur de petites échelles de surfaces (de Thoisy, 2011).
L’Institut Pasteur de Guyane s’intéresse depuis de nombreuses années, dans le cadre de ses recherches sur la santé, au rôle « réservoir » pris par les rongeurs dans la transmission de certains virus. Aujourd’hui, l’Institut multiplie les collectes en tout point du département pour mieux connaître les communautés et mieux appréhender les risques. Il est très intéressé par le développement de nouvelles zones de recherche dans la mesure où le suivi porte sur une longue période.
Contexte local
La Réserve Naturelle Régionale Trésor cherche depuis 2005 à connaître la biodiversité en rongeurs et opossums qu’elle abrite. Deux premiers inventaires ont ainsi été conduits en coopération avec François Catzéflis de l’Université de Montpellier, référent pour la Guyane, en la matière. Les deux échantillonnages réalisés en 2005 puis en 2010, le long du sentier botanique Trésor, ont montré une forte fluctuation des abondances. Comparée à d’autres missions effectuées en milieu forestier, cette situation a déjà été rencontrée alors que dans d’autres sites tels que les Nouragues, l’abondance relative est constante (Catzéflis, 2010). Pour l’heure, il n’est pas possible de se faire une représentation de la saisonnalité des communautés existantes sur la réserve.
Des observations supplémentaires ont par la suite été acquises grâce à la pose de pièges photographiques (étude SPECIES, WWF-KWATA, 2009) ainsi que lors de prospections menées par les gardes dans diverses zones de la réserve. Depuis 2010, ces derniers se sont spécialisés dans l’étude de ces animaux et ont multiplié les sessions de capture. Compte-tenu de la lourdeur du protocole standard (méthode d’étude utilisant différents pièges cages dont le volume est adapté à la taille des animaux, nécessité d’en disposer beaucoup sur sites pour espérer attraper des animaux…), les efforts ont porté, jusqu’à aujourd’hui, principalement sur le haut de la réserve. Facilement accessible, il présente le double avantage d’acheminer le matériel d’étude sans trop de difficultés et d’être à proximité de la maison de la nature servant alors de camp de base.
Espèces actuellement connues de Trésor et intérêt patrimonial
Sur les 87 espèces de mammifères terrestres que compte la Guyane (Catzéflis, 2011), 22 espèces sont considérées déterminantes dans le nouvel inventaire ZNIEFF, principalement du fait de leur endémisme sur le Plateau des Guyanes. Dix d’entre-elles sont des opossums ou rongeurs soit près de 50% des espèces de mammifères auxquelles une attention plus accrue doit être engagée. Trois de ces espèces sont signalées sur la RNR Trésor.
Au total, quatorze espèces sont actuellement connues de Trésor, 7 opossums et 7 petits rongeurs.
Autres espèces potentielles à trouver au cours des prochaines études
La RNR Trésor va désormais porter ses efforts sur les autres parties de la réserve avec pour objectifs premiers de mieux connaître la répartition des espèces en fonction de ses habitats. Elle souhaite également orienter ses recherches sur toute la verticalité des espaces inventoriés (du sous-bois à la canopée). Ce travail est conduit aussi pour apporter une meilleure connaissance à l’échelle guyanaise (organisation des communautés, santé,…) en coopération avec les acteurs de cette discipline : Laboratoire spécialisé de l’Université de Montpellier (François Catzéflis), Association Kwata (Sébastien Barrioz), Institut Pasteur (Benoit de Thoisy), autres gestionnaires d’espaces protégés.
D’autres espèces peuvent elles encore être trouvées dans la réserve Trésor malgré les efforts de prospection déjà accomplis ? Assurément !… Les données actuellement disponibles sur la montagne de Kaw montrent la présence de quelques espèces particulièrement rares en Guyane et particulièrement peu documentées (Gracilinanus emiliae, Hyladelphys kalinowskii…). D’autres espèces forestières bien plus communes manquent à l’inventaire bien que présentes en bordure de site (Marmosa murina, Echimys chrysurus…). L’espèce aquatique, le yapock (Chironectes minimus), seule espèce d’opossum protégé de Guyane, devrait pouvoir y être rencontrée. Enfin, dans les savanes incluses de la réserve, de fortes probabilités existent de trouver à l’instar des savanes de Nancibo, très proches géographiquement, des espèces communes inféodées aux milieux ouverts (Oligoryzomys fulvescens, Zygodontomys brevicauda,…).