L’énigme du Manakin noir
- Publié le :
- 31 mars 2017
- Catégorie :
- Actus de la réserve | Etudes et suivis |
Découvert pour la première fois par un naturaliste dans les années 90 sur Trésor, le Manakin noir (Xenopipo atronitens) a depuis été confirmé à 2 reprises (1 donnée en 2009 puis 2 données en 2010) par des sessions de capture sur le site historique des savanes de la réserve. Une femelle a aussi été étonnamment capturée lors d’une session STOC (secteur forestier adjacent à la RD6). Il s’agit des seuls contacts vérifiés de l’espèce en Guyane.
Répartie dans toute la région amazonienne mais de façon ponctuelle et très localisée, l’espèce est à l’heure actuelle un des manakins les plus méconnus, que ce soit pour sa répartition exacte comme pour les différents aspects de son écologie (son nid par exemple n’a encore jamais été observé). En dehors de la Guyane, ses habitats de prédilection sont les forêts claires et basses sur sables blancs. Ces milieux contrastent avec les observations faites sur Trésor où les rencontres ont eu lieu en savane (milieux ouverts) ou dans la forêt de lisière basse mais extrêmement dense et régulièrement inondée.
L’arrêté du 25 mars 2015 fixant la liste des oiseaux représentés protégés dans le département de la Guyane et les modalités de leur protection place cette espèce singulière dans l’article 2 qui lui offre une protection intégrale.
La réserve Trésor vient de poser les bases d’un suivi du Manakin noir pour mieux cerner l’importance que revêt cette espèce, considérée comme très rare à l’échelle du territoire guyanais, grâce à un financement spécial de la DEAL Guyane qui se combine au soutien permanent de la Collectivité Territoriale de Guyane.
C’est ainsi, que nous avons fait appel à deux ornithologues locaux (Sylvain Uriot et Vincent Pelletier) qui ont déposé un programme personnel d’étude auprès du CRBPO (Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux). Pour élaborer un protocole le plus rigoureux possible, des pré-études viennent d’être initiées afin de mieux cerner l’habitat spécifique de cette espèce sur la réserve, de tester la pose de bagues couleurs visant à suivre les individus capturés après leur relâche, de définir la méthode d’échantillonnage la plus optimale possible…
Nous avons débuté ces recherches préliminaires au cours de ce mois de mars. Après quatre demi- journées de capture (10 stations de capture avec quatre filets minimum activés durant 2 à 3 heures), seulement deux oiseaux ont été capturés. Le premier dans un petit bosquet de savane, l’autre en lisière de savane. Ce dernier est d’ailleurs une recapture des années précédentes (du 20/10/2010). Il serait ainsi âgé d’une dizaine d’années au minimum (3 ans pour atteindre la maturité sexuelle ajoutées aux 7 années connues de capture). Tous deux ont été équipés de bagues couleurs. Ces deux oiseaux étaient en mue. Il semblerait qu’ils soient friands des baies de Miconia ciliata dont des plants très hauts couvrent cette partie de la savane.
Compte-tenu du faible nombre d’oiseaux capturés, les prochaines sessions vont à la fois se poursuivre selon le programme initial mais aussi tenter de se concentrer autour de la zone favorable en installant de nombreux filets permanents, activés plus longtemps aux meilleures heures. L’énigme du Manakin noir reste donc entière et ne sera pas facile à élucider. Gardez patience, nous vous tiendrons régulièrement informés des prochaines découvertes sur cette espèce décidément bien mystérieuse.