L’animal du mois
- Publié le :
- 6 juillet 2018
- Catégorie :
- Actus de la réserve
Xenodon werneri, Le Xénodon vert
Peut-être croiserez-vous lors d’une balade sur un des sentiers de la réserve ce petit serpent dont les couleurs, un ventre jaune doré surmonté d’un dos vert tendre, vous inspireront la prudence. Ce code couleur est évidement celui du bien connu et redouté Grage jacquot (Bothrops bilineatus). Notre petit serpent aura alors réussi à vous leurrer comme il le fait avec ses prédateurs naturels.
Car si on y regarde de plus près (mais toujours avec prudence !), certains détails moins flagrants nous permettent de voir, petit à petit, autre chose que l’inquiétant Bothrops. Au niveau des yeux tout d’abord, on distingue une pupille ronde bien différente de la pupille verticale du vipéridé nocturne. Sur son dos vert homogène, il manque aussi les alignements de petites tâches dorées qui courent normalement sur le dos du grage.
Ce serpent trapu est en fait le Xénodon vert (Xenodon werneri parfois aussi appelé Thalesius viridis par certains auteurs), une couleuvre, qui pour assurer un peu mieux sa défense, a copié la coloration d’un serpent hautement venimeux. Le principe est le même que celui des Serpents corail/Faux corail et est connu sous le nom de mimétisme batésien (du nom de son découvreur, l’entomologiste Henry Walter Bates).
S’il semble que sa salive puisse contenir des toxines dont les effets in vitro ne semblent pas négligeables, il est loin d’être aussi « dangereux » que celui qu’il imite et ne possède pas le système sophistiqué d’injection de venin propre aux solénoglyphes (vipéridés). Cependant, étant naturellement enclin à la morsure lorsqu’on l’importune un peu trop et du fait des spécificités des composants actifs de sa salive, la prudence reste de mise (sans oublier que la confusion entre les deux espèces marche dans les deux sens).
C’est un grand prédateur de crapauds et grenouilles, des proies qui ont l’habitude de se gonfler d’air lorsqu’elles se sentent menacées, c’est pour cela que les xénodons ont développé une dentition particulière propre à ce genre de régime. Ils possèdent en arrière de la mâchoire supérieure deux crochets mobiles qui perceront l’amphibien à engloutir (serpents opisthodontes).
J’en ai rencontré un sur montagne tortue (Piste de Bélizon) qui ressemblaient non pas à un bothrops bilinenatus mais à un bothrops athrops. Donc, attention en cas de manipulation…
Effectivement, les xénodons de manière générale sont de gros bluffeurs et Xeneodon rabdocephalus, bien plus rare mais aussi présent en Guyane, copie de son côté les colorations et motifs des terrestres Botrhops atrox et brazili. C’est surement, Gérald, un individu de cette espèce que tu as rencontré du côté de Bélizon.
Bien joué, c’est pas quelque chose de commun !
Si tu as des précisions sur cette rencontre, voir mieux une photo, je t’invite volontier à la partager sur la base de données naturalistes locale Faune Guyane. Vue la rareté de l’espèce, toute donnée de X. rabdocephalus supplémentaire est plus que précieuse.
A bientôt,
Benoit